Erotisme et Gourmandise est composé d’une trentaine d’ingrédients tirés des meilleurs textes et recettes du moyen âge à nos jours et transmis par la parole ou le chant selon les auteurs. On y retrouve les grands noms de la chanson : Gainsbourg, Nougaro, Jeanne Moreau, Boris Vian, Juliette Gréco... etc



Voici quelques extraits de textes :


LES FEVES A LA CATALANE

Egalement appelées « fabes ofegades », c’est-à-dire fèves étouffées, parce qu ‘elles cuisent dans les sucs même qu’elles libèrent, auxquels s’ajoutent ceux des tomates et oignons et le peu de liqueur qu’elles reçoivent. J’ai soutenu, je soutiens et je soutiendrai que les fèves à la catalane sont dotées de vertus équivalentes à celles des amourettes de coq, que Brantôme tenait pour le plus puissant aphrodisiaque de la nature. L’érotisme des fèves à la catalane provient de la texture, de la saveur et de la biochimie des ingrédients, conditionnées par les herbes aromatiques (marjolaine et menthe) mais aussi de l’obscurité orgiaque du sang du boudin noir. A quoi il faut ajouter, comme cause socio-érotique, certaine lourdeur digestive, certaine somnolence chaleureuse propice à tous les pêchés.

Choisir la compagnie de femmes plantureuses, au système nerveux lent car les femmes au système nerveux rapide sont capable de digérer le plat à une vitesse inadéquate, provoquant ainsi, dans l’ambiance, un déphasage aux funestes conséquences.

Les dames aux yeux verts conviennent parfaitement aux fèves à la catalane, mais eu égard à leur évidente rareté, il convient de ne pas dédaigner celles qui ont les yeux gris, ou gris bleus. Pour ce qui est des dames aux yeux noirs, je ne les ai pas goûtées avec ce plat, mais j’appréhende une fin de lit larmoyante !

Dès notre réveil nos lèvres s’unirent. Ayant ainsi vérifié que nous ne dormions plus, comme si nous voulions combler d’un seul coup le manque provoqué par le sommeil, nous fîmes l’une vers l’autre un quart de tour sur nous-mêmes.
 Unies tendrement, seins contre seins, nous avons fondu dans un bien-être pareil à un engourdissement. A peine sortie du sommeil, j’avais de nouveau l’esprit embrumé. Puis la suite de nos gestes, du premier baiser la veille au soir jusqu’au moment de sombrer dans le sommeil me revint d’un seul coup en mémoire. Je pressai la joue froide de Hanayo contre ma joue maintenant brûlante. Elle serra plus étroitement encore ses bras qui m’enlaçaient. J’en eu presque les larmes aux yeux.
Pour la première fois de ma vie, la nuit dernière, j’avais connu ce qu’était la fusion de deux peaux moites et douces. Quand nous avions enlevé nos vêtements jusqu’au dernier et que nous nous étions allongées l’une sur l’autre, j’avais été comme foudroyée par une intense émotion qui dépassait de loin tous mes rêves, et l’idée que je pourrais mourir en un pareil moment avait soudain jailli dans mon cœur. J’avais compris pourquoi tout le monde faisait l’amour. Je ne parvenais absolument pas à l’exprimer par des mots tel que «  Je suis heureuse » ou «  Je suis contente ». Mais mon émotion était toujours là ce matin, inaltérable.

_ Je croyais que tu n’en avais pas envie.
Lorsqu’elle fit glisser sur mon ventre sa langue qui recherchait le petit caillou dans ma vallée, je mis tout mon cœur pour murmurer :
_ Mais jamais de la vie !
Dans ses actes elle se montrait encore plus ardente qu’avant. Avec ses lèvres, sa langue, ses doigts, parfois même ses cheveux et ses cils, elle me caressait de haut en bas et de bas en haut. Peu importait où et comment se posaient ses caresses, ma sensation de plaisir rayonnait dans tout mon corps. Comblée jusque dans mes moindres replis, je me sentais devenir une boule de plaisir.

VALEUR D’UN CUL RONDELET

Parmi les bonheurs qu’il y a en ce monde,
Le plus grand bonheur, à ce qu’il me semble,
Le voici : c’est quand on peut trouver
Une femme qui ait le cul rondelet.

Un cul fait comme une mappemonde,
Vaut autant d’or qu’on peut le payer,
Et quand il est possible de le bulgariser,
C’est un pays qui n’a pas son second.

C’est là que vont au frais les Cardinaux,
Là qu’ils mettent leur bien et leur souci,
Et si le cul n’existait pas, pauvrets de moines !

Un cul ayant cette sphérique figure,
Pour moi, je l’enfilerais à tout prix,
Quand même le diable viendrait me faire peur.